La politique climatique est en évolution, mais la transition énergétique continue d'offrir des opportunités d'investissement
Ces dernières années, de plus en plus de pays et d'entreprises se sont engagés à ne pas émettre de gaz à effet de serre, et des marchés d'émissions émergent au niveau mondial. Cependant, l'objectif de 1,5 °C risque de ne pas être atteint, d'où la nécessité d'investir davantage dans des mesures supplémentaires. Alors que l'énergie solaire et le stockage en batterie deviennent de plus en plus rentables en raison de la baisse des coûts, les investisseurs continuent également à rechercher d'autres opportunités dans le cadre de la transition énergétique.
Avec la réélection de Donald Trump et une conférence sur le climat COP29 décevante à Bakou, des inquiétudes apparaissent sur l'avancée de la transition énergétique. En même temps, 2024 a été la première année où les températures moyennes mondiales ont augmenté de 1,8°C par rapport aux niveaux préindustriels - un net dépassement de l'objectif de 1,5°C.
Malgré l'incertitude politique et les records de température, en faisant des choix stratégiques dans des secteurs clés tels que le nucléaire, le solaire, les réseaux électriques et les métaux critiques comme le cuivre et l'uranium, les investisseurs peuvent capitaliser sur les tendances structurelles de la transition énergétique, affirme Tal Lomnitzer, Senior Investment Manager chez Janus Henderson.
Le président Trump : frein ou opportunité ?
Bien que le président Trump soit à nouveau sorti de l'Accord de Paris sur le climat et veuille réduire les subventions, les entreprises américaines restent engagées en faveur des énergies propres. Les avantages économiques des projets solaires et éoliens à grande échelle et la hausse du coût de l'électricité du réseau font de l'achat direct d'énergie renouvelable une tendance continue.
L'électrification des secteurs d'activité, la numérisation et les investissements dans l'IA continuent de stimuler la demande croissante d'énergie propre. Même sous les gouvernements républicains, la capacité d'énergie propre a augmenté tandis que les émissions annuelles de CO2 ont diminué.
Dans ce débat, Trump se positionne en faveur de la compétitivité plutôt que de s'opposer explicitement à la transition énergétique. Dans ce contexte, la compétitivité signifie une énergie abordable, tandis que l'anticompétitivité est synonyme d'énergie chère.
La force économique de l'énergie solaire
Une tendance notable durant la première présidence de Trump a été la croissance explosive de l'énergie solaire aux États-Unis. Malgré sa rhétorique pro-fossile, la capacité solaire installée a été plus importante que jamais, le Texas, état du pétrole, ayant ouvert la voie. Cette croissance était largement due à la baisse du coût des systèmes de panneaux solaires avec stockage sur batterie. Aux États-Unis, l'énergie solaire est désormais rentable par rapport au gaz naturel et, en Chine et en Inde, elle est même moins chère que les centrales au charbon.
En Europe, la capacité de production d'énergie solaire a triplé entre 2020 et 2024, dépassant à la fois l'éolien terrestre et l'éolien en mer. L'avantage économique de l'énergie solaire en fait la source d'électricité la moins chère au niveau mondial. Les mesures tarifaires sur les panneaux importés pourraient favoriser les producteurs américains d'énergie solaire en augmentant leurs marges bénéficiaires. Cela stimulerait la production américaine et profiterait également aux fabricants américains de matériaux essentiels tels que l'acier.
Le stockage de l'énergie : un maillon essentiel de la transition
Les fermes solaires à grande échelle sollicitant de plus en plus le réseau électrique, le besoin d'un stockage efficace de l'énergie se fait de plus en plus sentir. Les systèmes de stockage permettent d'absorber les fluctuations de la production d'électricité et de stabiliser les prix de l'énergie.
En 2023, 60 gigawatts de stockage d'énergie ont été installés dans le monde, soit une augmentation de 120 % par rapport à l'année précédente. Une augmentation de 100 gigawatts est attendue en 2024, et d'ici 2030, ce chiffre pourrait atteindre 1 térawatt par an.
La Chine domine actuellement le marché mondial du stockage avec près de 50 % de la capacité totale. Pourtant, le déploiement du stockage de l'énergie à l'échelle mondiale reste en retard. Pour ne pas dépasser la limite de 1,5 °C, il faudrait environ 1 300 gigawatts de batteries de stockage d'ici à 2030, un objectif qui a peu de chances d'être atteint si l'on s'en tient aux tendances actuelles.
La résurgence de l'énergie nucléaire
L'énergie nucléaire joue un rôle toujours plus important dans la transition énergétique. Les investisseurs se concentrent principalement sur les producteurs d'uranium et les entreprises qui développent des projets d'énergie nucléaire.
Il est intéressant de noter que de grandes entreprises technologiques telles que Microsoft signent des contrats à long terme avec des producteurs d'énergie nucléaire. L'entreprise investit par exemple dans le redémarrage de la centrale nucléaire de Three Mile Island à Harrisburg, en Pennsylvanie, malgré des coûts d'électricité plus élevés que ceux de l'énergie solaire. Cela illustre la volonté des multinationales de payer pour une énergie fiable et à faible teneur en carbone.
La rareté des matières premières comme opportunité d'investissement
L'un des principaux obstacles à la transition énergétique est la rareté des métaux nécessaires, tels que le cuivre, l'argent et l'uranium pour l'énergie nucléaire et solaire, ainsi que le lithium, le nickel et le graphite pour le stockage dans des batteries.
La démondialisation et la croissance des centres de données augmentent la demande de ces matières premières. Dans le même temps, le secteur minier n'investit pas suffisamment pour répondre à cette demande. Cela pourrait entraîner une hausse des prix des matières premières et des rendements attrayants pour les investisseurs dans ce secteur.
Conclusion : une transition complexe avec des opportunités pour les investisseurs
Le trajet vers des émissions nettes nulles est un processus dynamique et en constante évolution. Bien que des défis tels que l'incertitude politique et la rareté des ressources critiques demeurent, la transition énergétique offre des opportunités d'investissement significatives. En investissant stratégiquement dans le nucléaire, le solaire, le stockage de l'énergie et les métaux critiques, les investisseurs peuvent à la fois obtenir des rendements financiers et contribuer à un avenir plus durable.
Plus d'informations dans l'article "The state of the energy transition: Where are we now?" de Tal Lomnitzer, Senior Investment Manager chez Janus Henderson.
Serge Vanbockryck