Un environnement macroéconomique favorable est à l'origine de nouveaux succès sur les marchés émergents
Selon Daniel J. Graña, gestionnaire de portefeuille chez le gestionnaire d'actifs Janus Henderson Investors, un petit groupe de pays, dont l'Inde, le Viêt Nam et le Mexique, est en mesure de tirer le meilleur parti des investissements en capital à mesure que les chaînes d'approvisionnement mondiales se découplent de la Chine.
Il existe une relation étroite entre l'environnement macroéconomique d'un pays et les rendements des actions, déclare Daniel J. Graña, gestionnaire de portefeuille chez le gestionnaire d'actifs Janus Henderson Investors. Les pays dotés d'un environnement macroéconomique favorable permettent à leur secteur privé de prospérer, ce qui accroît la richesse nationale.
Équation de la croissance
Les économies émergentes n'évoluent pas par hasard vers le statut de pays à revenu intermédiaire (ou supérieur) ; c'est le résultat d'une combinaison de facteurs dans "l'équation de la croissance". Cette formule fournit un cadre clair pour identifier les pays qui connaîtront une croissance durable : Croissance potentielle du PIB = f (Travail, Capital, Productivité, Gouvernance).
Travail
La diminution de la main-d'œuvre prive une économie de son dynamisme, notamment en raison de la nécessité de subvenir aux besoins d'un nombre croissant de retraités. La plupart des pays connaissent un ralentissement de la croissance démographique, mais pour certaines économies émergentes, le problème est aigu, car elles risquent de vieillir avant de s'enrichir. La Chine et la Thaïlande font partie de cette catégorie.
Le Mexique, l'Inde, l'Arabie saoudite, l'Afrique du Sud et les Philippines obtiennent de bons résultats en matière de main-d'œuvre. L'une des principales motivations de l'initiative Vision 2030 du gouvernement saoudien est de réduire le risque politique et social d'une importante population de jeunes chômeurs. L'Afrique du Sud, où le taux de chômage des jeunes est élevé et en augmentation, a malheureusement besoin d'un changement radical de politique. Une population en croissance rapide peut entraîner des problèmes majeurs si les politiques sont mal conçues.
Capital
Les pays en développement ont besoin d'améliorer considérablement leurs infrastructures - notamment les transports, le logement, les usines et les services publics - pour atteindre leur potentiel économique. Ces projets nécessitent des capitaux nationaux et étrangers, stimulés par des rendements attractifs ou des subventions. L'histoire montre que ces initiatives ne peuvent être menées exclusivement par des entreprises publiques, car elles sont moins efficaces que leurs homologues privées.
Au cours de la dernière décennie, l'Indonésie, le Viêt Nam et la Turquie ont investi massivement dans les infrastructures. Le déplacement des chaînes d'approvisionnement mondiales de la Chine vers d'autres régions devrait constituer un moteur essentiel de la formation de capital à l'avenir. Des pays comme le Mexique, l'Indonésie, l'Inde et le Viêt Nam en bénéficieront.
Productivité
La productivité est le point de rencontre entre le travail et le capital. Elle dépend aussi de plus en plus de la révolution de l'innovation qui a lieu dans le monde entier. En ce qui concerne la main-d'œuvre, l'éducation est souvent présentée comme un facteur de différenciation, mais la qualité et le type d'éducation jouent un rôle important. L'importance des programmes STEM (science, technologie, ingénierie et mathématiques) est souvent citée. Taïwan, la Corée du Sud, la Chine et le Viêt Nam obtiennent de bons résultats dans cette catégorie.
Gouvernance
L'attractivité relative et la prévisibilité de l'environnement dans lequel évoluent les entreprises sont souvent des facteurs sous-estimés dans l'équation de la croissance. Des réglementations mal définies, des distorsions politiques et des initiatives bien intentionnées mais mal mises en œuvre peuvent conduire à des opportunités manquées. En revanche, les pays qui offrent des politiques prévisibles pour les cycles économiques et politiques donnent aux chefs d'entreprise et aux investisseurs la confiance nécessaire pour investir à long terme.
En termes de gouvernance, Taïwan est exemplaire. L'Inde dispose d'une bonne, voire d'une excellente, gouvernance, mais doit encore se libérer de son passé statique. L'Indonésie remporte le prix de la macro-gouvernance la plus améliorée. L'Arabie saoudite a encore du pain sur la planche pour mener à bien son ambitieuse initiative Vision 2030, qui vise à diversifier l'économie et à préparer le pays à un avenir moins dépendant des hydrocarbures. La Turquie, l'Argentine et l'Afrique du Sud sont des modèles modérés dans la catégorie de la gouvernance.
Conclusion
En termes de réussite, seuls Taïwan, la Corée du Sud, Israël, Hong Kong et Singapour ont réussi à passer d'un statut de pays à faible revenu à un statut de pays à revenu élevé. Parmi ces pays, seuls Taïwan et la Corée du Sud restent dans l'indice de référence EM. De nombreux pays stagnent dans les fourchettes inférieures (par exemple, les petits pays d'Amérique latine et l'Afrique subsaharienne) ou ne parviennent pas à échapper au piège des revenus moyens (notamment la Thaïlande, la Malaisie, la Turquie, le Mexique, le Brésil et l'Afrique du Sud).
La Chine a été l'économie émergente la plus impressionnante de ces dernières décennies, avec des centaines de millions de personnes sorties de la pauvreté abjecte après des décennies de mauvaise gestion. Cependant, il y a des raisons de douter que la Chine puisse faire la transition vers un revenu élevé.
Click meSerge Vanbockryck